Un an d'entrepreneuriat en ligne

Chaque chapitre est condensé et pourrait faire l'objet d'un article dédié. Si vous avez des questions sur certains aspects traités ou non, n'hésitez pas à me contacter à l'adresse oni@fondateur.club

Ce post n'a pas vocation de parler du présent, mais des choses qu'on aurait aimé lire ou savoir avant de commencer.

Introduction

Cela fait maintenant presque un an que ma compagne a démarré son activité entrepreneuriale, et je pense que c'est un bon premier post que de raconter ce qui s'est passé de mon point de vue.

Avant de commencer, je précise que c'est bien son aventure et que ce n'est pas quelque chose que nous gérons à deux. Je l'aide juste du mieux que je peux sur différentes tâches.

Bien que ce soit à la mode, cette envie d'entreprendre ne vient pas d'une volonté de "quitter la rat race", de devenir une "Girl Boss" ni même de gagner 10K/mois les pieds dans l'eau à Bali. Si c'est ce que vous cherchez, vous n'êtes pas au bon endroit et vous pouvez arrêter de lire.

Ma compagne a travaillé dans un hôpital pendant plusieurs années, dans des services qu'on pourrait qualifier de difficiles. Entre les patients désabusés et surtout les départs soudains, sa motivation s'est progressivement affaiblie.

Sportive depuis plusieurs années, c'est au détour d'une conversation où elle avait exprimé qu'elle aimerait aider des gens qui en ont vraiment envie que je lui ai proposé de se lancer à son compte.

Quitter son travail n'est pas une décision anodine, surtout quand cela peut fragiliser la situation économique du foyer. N'ayant pas d'enfants, cela facilite notre cas, d'autant plus que ma situation me permet de subvenir à nos besoins si nécessaire.

Ayant moi-même mon auto-entreprise depuis plusieurs années en plus de mon activité salariale, il est vrai que ça facilite la transition car ce n'est pas un saut dans l'inconnu complet.

Étant 100% en télétravail, elle s'est elle-même tournée vers ce choix pour son entreprise, dans le cas où si l'avenir nous le permet, ne plus avoir de contrainte de lieu pour travailler, ce qui encore une fois ne veut pas dire vouloir travailler à la plage.

Avec les réseaux sociaux, on pourrait penser que démarrer une activité en ligne est bien plus simple qu'un business physique. Bien que c'est ce que je pensais moi-même, je n'en suis plus convaincu.

Étant dans le secteur de l'accompagnement à destination de sportifs, il était clair qu'Instagram allait être son terrain de jeu. Et là où un cabinet physique indique généralement qu'un professionnel y est présent, ce n'est pas le cas des réseaux sociaux, en particulier dans le domaine du coaching où c'est un grand n'importe quoi et ou tout le monde s'improvise expert.

Je suis pourtant le premier à dire que les diplômes ne font pas tout, mais également qu'on ne s'improvise pas médecin parce qu'on aime ça, qu'on a regardé Dr House et joué à Dr Maboul pendant 6 mois.

Les compétences nécessaires

Se lancer sur Internet demande beaucoup de compétences dans de nombreuses catégories. Bien que vous vendiez votre expertise ou proposiez une solution en ligne, vous devrez également savoir :

• Administrative : Gestion courante de votre entreprise, de la création aux tâches courantes telles que les déclarations URSSAF
• Technique : Apprendre à utiliser les logiciels dont on a besoin, parfois les maintenir ou les faire évoluer. Si vous avez besoin d'un site internet, ça rajoute encore de la complexité
• Vente : Savoir présenter votre offre, gérer les objections, fixer vos prix, relancer sans harceler, et surtout apprendre à dire non aux mauvais clients. La vente, c'est aussi comprendre que vous ne vendez pas un service mais une solution à un problème.
• Marketing : Comprendre les bases du funnel de conversion, créer une proposition de valeur claire, développer votre positionnement, analyser vos métriques (et savoir lesquelles regarder vraiment), faire de la veille concurrentielle sans tomber dans la copie, et construire une stratégie cohérente plutôt que de faire du marketing à la petite semaine.
• Communication : Trouver votre voix et votre ton (qui ne sera pas le même que votre concurrent même si vous faites la même chose), créer du storytelling authentique, engager avec votre communauté sans y passer 10h par jour, gérer les commentaires négatifs avec classe, et comprendre que la régularité vaut mieux que la perfection sporadique.
• Création de contenu : Bien que ce soit lié aux points précédents, créer du contenu prend du temps. Vous devez aimer ou apprendre à aimer ça car ça représentera une grosse partie de votre travail. Si vous êtes sur Instagram/YouTube, vous devrez (pas obligatoire mais recommandé) vous exposer en vidéo, ce qui n'est pas facile au départ. En plus de filmer le contenu, il faut également le monter.

ChatGPT et compagnie, bien qu'ayant rendu l'apprentissage simplifié et donné accès à de nombreux domaines, donnent l'illusion qu'en quelques phrases on peut remplacer plusieurs experts. Bien que ça vous aidera grandement dans l'ensemble des tâches que vous devrez accomplir, ça ne vous empêchera pas de devoir mettre la main dans le cambouis.

Se faire accompagner

Sur YouTube et autres plateformes, j'étais déjà tombé sur plusieurs entreprises proposant des accompagnements afin de créer son entreprise. De mon coté, je pouvais aider sur plusieurs points importants : création de site internet, automatisation, utilisation de l'IA et d'autres domaines. Mais s'il y en a bien trois où je n'avais aucune idée de comment prendre le taureau par les cornes, c'était bien vente, marketing et communication.

Ces accompagnements ont un coût, ce qui est normal. Ce qu'ils proposent en termes de valeur est par contre souvent opaque, en dehors du fait qu'ils abordent pour beaucoup la même promesse : être libre financièrement au bout de quelques mois.

Conscients du bullshit de façade, on savait également qu'il était nécessaire d'acquérir les bases du marketing, de la communication, de la vente, mais aussi de comprendre les codes d'un réseau social que nous n'avions jamais utilisé.

Après en avoir sélectionné environ 5 site d'accompagnement différents, on en a rapidement écarté 3 pour la même raison : les incohérences entre les pages sur le site web. L'exemple le plus concret, c'était un tarif indiqué sur une page et un tarif différent sur une autre page.

Comment pourraient-ils être capables d'accompagner des dizaines ou centaines de personnes voulant entreprendre alors que leur site vitrine de quelques pages contient de nombreuses incohérences ?

Accompagnement choisi, la voici partie pour 6 mois. Bien qu'elle soit globalement satisfaite, le gros point noir est dans le fait de réussir à obtenir des RDV 1:1, pourtant cruciaux pour avoir une réponse à des questions bien précises. En 6 mois, elle a seulement demandé 3 RDV et il a vraiment fallu insister pour en obtenir 2 d'entre eux, et ils se sont faits presque montre en main.

Sinon, ce qu'on y apprend est dense. Il faut s'accrocher et ça nécessite beaucoup de temps pour voir et revoir le contenu afin de s'en imprégner, mais surtout de comprendre comment l'appliquer à votre cas d'usage.

Peu importe votre activité, ce sera certainement le coût le plus important à votre lancement. Même si certains trouvent ça futile ou optionnel, selon moi c'est un vrai accélérateur, en plus de vous retrouver avec des gens qui ont le même objectif que vous.

Identifier sa cible

Quand on y pense la première fois, ça semble simple. Au mieux vous avez une petite idée, au pire vous proposerez vos services à tous ceux qui en veulent.

Mais une des leçons les plus importantes au début, c'est que parler à tout le monde, c'est parler à personne. Identifier votre cible permet d'ajuster votre communication et d'attirer les bonnes personnes.

Vous pouvez être coach sportif et proposer du contenu générique qui parle à tout le monde et à personne, avoir des clients variés mais qui ne vous correspondent peut-être pas. Ou être coach sportif pour les papas qui viennent d'avoir un enfant : là, vous pourrez adapter une communication et une stratégie déjà bien plus claires où un type de personne précis s'y retrouvera.

Cette spécialisation permet aussi de :

• Créer du contenu plus pertinent et ciblé
• Identifier les vrais problèmes de votre audience
• Développer une expertise reconnue dans votre domaine

Malheureusement, personne ne peut valider votre cible. Vous pouvez choisir une niche saturée en sachant que la demande existe, mais il faudra que vous vous démarquiez de la masse. Ou vous positionner sur une niche bien moins connue, mais il faudra identifier si la demande est là avec, par exemple, des posts dans des groupes Facebook, Reddit, Instagram... C'est très intimidant au début, mais quand les choses sont bien faites, les gens sont bienveillants.

Ses premiers posts sur les réseaux

Quand on débute, on peut penser qu'on a le temps avant de mettre en ligne ses premiers posts sur les réseaux. On souhaite faire bien et donc avoir de bonnes bases théoriques afin de créer du contenu performant.

C'est encore une fois une erreur. Ma compagne a perdu beaucoup de temps à créer son compte Instagram, une plateforme qu'elle n'avait jamais utilisée avant et qui, par malchance, a eu plusieurs changements majeurs lors de ses premiers mois d'utilisation.

Sur tous (ou presque) les réseaux sociaux, votre compte doit d'abord "chauffer". Après sa création, il y a un délai plus ou moins long où votre contenu ne sera présenté à presque personne (sauf s'il est ultra performant). Il faut commencer par éduquer l'algorithme de votre compte pour voir le contenu pertinent de votre niche, suivre des comptes et interagir, puis commencer à poster.

Note importante : Votre compte professionnel n'est pas un compte personnel. Ne l'utilisez pas pour regarder du contenu qui n'est pas en rapport avec votre secteur.

C'est également important de commencer tôt car il y a de fortes chances que vos premiers posts ne soient tout simplement pas bons. Peu importe la volonté, avec de l'expérience et le recul, vous aurez un peu honte des premiers posts dont vous étiez pourtant si fier à la base. Pour exemple, une des premières vidéos réalisées a été créée pendant environ 4h30 pour un rendu final de 1m30. Quand vous devez poster tous les jours, vous imaginez bien que ce n'est pas possible/envisageable de passer autant de temps sur chaque création.

Matériel et logiciels

Les besoins en matériel et logiciels dépendent évidemment des plateformes. Quand on est sur un réseau social type texte tel que LinkedIn, X (Twitter) ou Reddit, on n'a pas besoin de grand-chose de plus que son ordinateur.

Logiciels essentiels

• Canva : Le seul logiciel qui me semble indispensable peu importe la plateforme. Je n'ai pas cherché d'alternative, mais les 12€ de l'abonnement mensuel seront plus que rentabilisés. En plus de la création de visuels, Canva propose de nombreux outils moins connus qui sont pourtant bien utiles.
• ChatGPT ou autre : Je ne pense pas avoir besoin d'expliquer en quoi l'abonnement est plus que rentable. Attention cependant à ne pas en être trop dépendant. L'utiliser intelligemment, c'est quand c'est une aide, pas un remplacement aveugle.
• CapCut : Si vous postez des vidéos, CapCut semble être encore la référence. Simple d'utilisation, il propose à lui tout seul tout ce dont vous avez besoin pour créer du contenu vidéo.

Matériel vidéo

Pour le matériel de création vidéo, si vous êtes sur Instagram ou YouTube, ne pensez pas qu'un meilleur matériel vous apportera plus de vues ou de clients. Ne tombez pas dans le piège d'acheter du matériel onéreux, commencez avec ce que vous avez.

Encore aujourd'hui, une des vidéos les plus performantes de son compte a été filmée avec un vieux Huawei P30 Pro, un téléphone d'il y a 6 ans qu'on a récemment remplacé par un Google Pixel 7 Pro acheté d'occasion 200€ et un kit lumière acheté 60€. Avec ça, on arrive à produire des vidéos qu'on juge plus que satisfaisantes.

Organisation et collaboration

Enfin, vous aurez certainement besoin d'un logiciel de prise de notes et/ou de collaboration. Notion est à la mode et ce n'est pas une mauvaise solution. Si vous ne l'avez jamais utilisé avant, il faut cependant vraiment se mettre dedans et dompter la bête qui est plus complexe qu'il n'y paraît pour délivrer son potentiel.

De notre côté, nous avons quitté Notion pour utiliser Nextcloud qui correspond beaucoup plus à notre workflow de travail avec moins de contraintes mais aussi un coût bien plus faible.

Conclusion

Avec ce simple post, bien que réducteur, vous avez pourtant les éléments pour vous lancer. Mieux vaut se lancer et ne pas faire parfaitement que de ne rien faire.

Le cœur doit cependant y être.